11 novembre 2010

L'Incal


"L'Incal c'est trop bien"
"L'Incal c'est monstrueux, faut le lire"
"L'Incal c'est un incontournable"
A force de l'entendre, il fallait bien que je le lise!

Profitant de toutes ces parutions d'intégrales qui sortent à l'approche des fêtes, je l'ai donc lu!
Je ne serais pas morte d'avoir oublier ce conseil...












La piste de l'œuvre :
John Difool est un minable, un looser, un nase, un couard... tout ça!! La figure même de l'anti-héros! John Difool (ou JDF, ou Jidœuf pour les intimes) est un détective privé de classe R qui arpente la Cité Puits en quête d'affaires peu reluisantes afin de se payer ses homéoputes, ses drogues et son Ouiski.
Son seul compagnon? Deepo, une mouette à béton.
C'est sur les épaules de JDF que repose la survie de l'univers tout entier... même s'il ne le sait pas encore, même s'il ne le comprendra jamais...

Entre clonage présidentiel, techno-techniques et autres méta-machins, John Difool va être amené à rencontrer une palette de personnages rocambolesques tout au long de son épopée cosmique.

Cette intégrale restaure les couleurs d'origine qui avaient été modifiées au cours des parutions.
Elle rassemble, dans une seule œuvre, les 6 tomes de cette saga.
Tome 1 : L'Incal noir
Tome 2 : L'Incal lumière
Tome 3 : Ce qui est en bas
Tome 4 : Ce qui est en haut
Tome 5 : La cinquième essence - Galaxie qui songe
Tome 6 : La cinquième essence - La planète Difool



La promenade des auteurs :
Scénario : Alejandro Jodorowsky
Dessin : Moebius

Alors qui sont ces hurluberlus qui nous ont pondus cette fresque délirante?
Dans le cas présent, il s'agit donc de Jodorowsky et de Mœbius. 
L'Incal, c'est l'univers de Jodorowsky, adepte de la SF, du fantastique, sous les traits (très? trop...) particuliers de Mœbius.

L'Incal, c'est bien plus que cette seule parution. 
C'est un univers entier imaginé par Jodorowsky. On y retrouve plusieurs séries, toutes parues chez les Humano
L’Incal (Dessin : Mœbius)
Avant l’Incal (Dessin : Zoran Janjetov)
Après l'Incal (Dessin : Mœbius)
Final Incal (Dessin : José Ladrönn)
Castaka (Dessin : Das Pastoras)
La Caste des Méta-Barons (Dessin : Juan Gimenez)
Mégalex (Dessin : Fred Beltran)
Technopères (Dessin : Zoran Janjetov)




Mes pérégrinations :
Je vais commencer par ce qui m'a le plus poser problème...

  • Les graphismes :

Et voilà, première planche, première constatation, ça me pique les yeux!
Les couleurs sont criardes et les dessins semblent faits à la va-vite. Dans les pages suivantes, il y a même des moments où j'ai presque eu du mal à reconnaître le personnage dont les traits sont brouillons et changent bien trop souvent au départ. Ce point s'arrange largement au fur et à mesure, à la fois parce que j'appréhende mieux les traits physiques des protagonistes, mais aussi car le dessin se stabilise.
De plus, c'est assez dérangeant de voir les personnages changer de couleur d'une case à l'autre. Animah a successivement les cheveux blancs, blonds, bleus... du n'importe quoi, ce n'est parfois même pas du à l'environnement...



Dernier point négatif, des incohérences (sont-elles dues à une censure dans cette édition?). Dans une bulle "Nous ne le déclencherons que si nous sommes nus" réponse "Ok, à poil", case suivante, ils le font habillés... non mais sérieusement...? 
Tout ça casse un peu le rythme, ça casse la compréhension, ça file des doutes, c'est énervant!




Bon, il faut par contre avouer que Mœbius offre quelques planches de toute beauté, il s'agit en général de planches "globales". Mais malgré elles, je n'accroche pas au style graphique, rien à faire!















  • Les techno-trucs et autres méta-machin :
Et si on allait dans la techno-citadelle voir le techno-pape dans le techno-temple pour effectuer un techno-dépeçage devant la techno-fraternité? Juste histoire de faire des techno-cauchemars... Ouais! bah pour y aller on a qu'a prendre une méta-vedette pour sortir du méta-bunker!
Entre les city-émeutes, les nucleo-tactiques, les necro-sondes, le grand pondeur d'œufs d'ombre et la panpuissante ténèbre, on se retrouve noyé sous des tonnes de qualificatifs et de "particules SF".
Ça a son style, je n'en doute pas, pour moi ça m'a surtout fait penser à de la caricature kitchissime et ça m'a surtout pourri ma lecture.



  • Les personnages :
John Difool est donc l’anti-héros par excellence, soit, mais quand même!
Avec lui rien ne conserve bien longtemps la grandeur de la situation. Sa couardise et son manque flagrant de personnalité donnent envie de le pousser dans le grand lac d'acide afin de pouvoir profiter de cette épopée galactique à sa juste valeur. Le gros avantage c'est que face à lui, tous les autres personnages nous apparaissent attachants, grands et épiques, et ça donne une vision grandiose à tout ce qui se passe autour de lui.

Les autres protagonistes ont tous un rôle bien défini, la figure maternelle d'Animah, son penchant ténébreux Tanatah, le méta-baron bourrin, le Prez, espèce d'aristo cloné bien trop de fois... Si je creuse un peu plus loin je peux me dire que c'est un peu le reflet de toutes les facettes possibles d'une seule personnalité, ils interviennent à tour de rôle pour guider l'épopée vers chacune de ses phases, c'est plutôt pas mal ça. Mais la place de JDF là dedans...? Vaste question...

Deepo la mouette à béton semble parfois être le personnage le plus "simple", le plus "vrai", le moins caricatural, je m'y suis attachée facilement à ce piaf qui sauve, d'un certain point de vue, bien plus le monde que JDF!




Bon, c'est bien beau d'exposer les points "bifbof", mais je vais être honnête, il y a des bonnes choses.




  • Le scénario :
Sommairement, c'est de la SF comme on en voit régulièrement, de méchants ennemis, la galaxie en danger, une seule solution pour la sauver!

Mais l'Incal c'est quoi? Ca sert à quoi? quel est son rôle?
Tous ces éléments sont distillés avec parcimonie et lenteur par Jodorowsky. De vrais questions qui intriguent et dont on veut avoir les réponses. C'est bien fait ça.
De plus l'univers créé semble riche et complet (on aime ou pas les techno-trucs et les méta-machins, mais l'univers en lui même laisse place a beaucoup de choses...).




  • Les autres petits éléments positifs
J'ai bien aimé les sujets abordés en toile de fond : la pollution, le clonage, la manipulation par les médias, l'abrutissement télévisuel, la discrimination sociale...
J'ai aussi bien aimé les Arhats, des sages qui vont aider à la reconstruction d'un monde plus "naturel".

Cette BD aborde beaucoup de thèmes actuels (malgré ses 30 ans d'âge...), une critique comme il en faut.





Mais où cela m'a-t-il mené?
Au final, c'est un gros BOARF qui attends cette BD dans mon classement. 
C'est une BD qui a 30 ans, soit, ça se voit.
Elle était sans doute révolutionnaire à sa sortie, mais elle a sacrément vieilli, passant de l'innovant au kitch, surtout, selon moi, à cause des couleurs et de l’omniprésence des "qualificatifs et particules".
Les points que j'ai apprécié sont trop rares ou trop généraux et les éléments négatifs trop nombreux, trop précis, trop présents.

Impossible de passer outre le style graphique que je trouve brouillon et les couleurs criardes... Le scénario, bien qu'intéressant ne semble pas avoir compensé.


Jodorowsky semble pourtant avoir créé un univers intéressant et je pense donc faire un nouvel essai (sans Mœbius), peut-être avec La caste des Méta-Barons, elle aussi chaudement recommandée (je suis têtue, je sais... mais au moins j'aurai essayé)!

4 commentaires:

  1. Héhé... j'suis forcément un peu déçu, mais ta sincérité m'importe beaucoup plus!
    La caste des métabarons te plaira sûrement plus, graphiquement c'est à l'opposé, et l'histoire part moins dans tous les sens... après, tu verras malheureusement que Jodorowsky finit par se parodier lui-même à tout bout de champ, et que c'est de pire en pire avec les techno-machins... mais bon.

    Quand je vois les BD qui t'attendent, je vois que tu collectionnes les chefs-d'oeuvres dis donc! Quartier Lointain, Maus et Persepolis en même temps?! Le reste va te paraitre insipide après ça.

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  2. En effet, ça fait un paquet important d'intégrales "chefs-d'œuvres". J'espère qu'elle vont me plaire! J'ai déjà entamé Persépolis d'ailleurs.
    Du coup, les MétaBarons seront un peu conditionnés par mon ressenti sur Bouncer. Ce n'est pas du tout le même registre, c'est sur... mais on verra... :)

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  3. Pour moi L'incal reste une référence, mais c'est sûrement parce que j'ai baigné dans cet univers grâce à mes parents ! C'est une BD que j'ai découvert très jeune et j'y ai un attachement irraisonné car comme toi, la première chose que je me dis quand j'ouvre cette BD c'est "Aïe !" ^^
    Je suis néanmoins une grande admiratrice de Moebius, une expo magnifique lui était d'ailleurs consacrée il y a quelques mois à la Fondation Cartier pour l'art contemporain à Paris, et j'en ai pris plein les mirettes ! :)

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  4. J'ai entendu parlé de cette expo en effet, elle me tentait quand même, pour voir ce qu'il pouvait faire d'autre...

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